Ouverture de 5 766 procédures collectives au 2e trimestre 2020 : - 53,3 % vs T2 2019
Affaires - Affaires
06/08/2020
Les chiffres sur les défaillances d’entreprises au 2e trimestre 2020, publiés par la société Altares, sont historiques : les procédures collectives ouvertes sur cette période n’ont pas dépassé la barre des 6000 ! Grâce au plan d’accompagnement mis en place par les pouvoirs publics, les entreprises françaises ont plutôt bien résisté à la crise sanitaire ; mais beaucoup sont fragilisées. Les structures de plus de 50 salariés montrent une hausse de la sinistralité préoccupante (+ 15,7 %), aggravant le nombre des emplois menacés (43 400).
Après un bon premier trimestre…
Le nombre des défaillances d’entreprises enregistrées sur le 1er trimestre 2020 s’est élevé à 10 902, marquant un recul de 22,9 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. Mais, après un bon début, le confinement décidé à partir de la mi-mars pour lutter contre la propagation du virus COVID-19 a faussé les comparaisons (chute de 84 % des procédures sur la seconde quinzaine de mars). Cependant, les chiffres révélaient, en ce début d’année, la grande vulnérabilité des entreprises de 50 à 100 salariés (+ 27 % des défaillances – Voir analyse Altares pour le premier trimestre 2020, publiée le 27 avril).
Pour le deuxième trimestre, totalement ancré dans un contexte de grave crise sanitaire, les chiffres communiqués pourraient paraître irréalistes s’ils ne trouvaient explication ; en effet, souligne Thierry Millon, directeur des études Altares, « le premier semestre 2020 restera dans les annales de l’accompagnement de l’entreprise en difficulté ». Il ne fait pas de doute que sans l’adaptation temporaire des règles relatives aux procédures collectives (cf. : Ord. n° 2020-341, 27 mars 2020, mod. par Ord. n° 2020-596, 20 mai 2020 ; rapport au président de la République) et les mesures d’aides publiques instaurées, de nombreuses entreprises – pour l’instant préservées – auraient été sinistrées durant ce deuxième trimestre.
Rappel : l’ordonnance susmentionnée prévoit que « jusqu’au 23 août 2020 inclus, l’état de cessation des paiements est apprécié en considération de la situation du débiteur à la date du 12 mars 2020 » (art. 1, I.1°), début de l’état d’urgence sanitaire ; ainsi, dès lors qu’une entreprise n’aura pas été en cessation de paiements à cette dernière date, elle ne le sera pas jusqu’à celle du 23 août.
Un nombre de défaillances extrêmement bas
Par type de procédure, les chiffres sont les suivants (données arrêtées au 1er juillet de chaque année) :
Ouvertures de procédure
2e trim. 2019
2e trim. 2020
Évolution
Sauvegarde
209 (1,7 %)
160 (2,8 %)
- 23,4 %
Redressement judiciaire
3 751 (30,4 %)
1 303 (22,6 %)
- 65,3 %
Liquidation judiciaire directe
8 387 (67,9 %)
4 303 (74,6 %)
- 48,7 %
Total
12 347 (100 %)
5 766 (100 %)
- 53,3 %
On relèvera que les entreprises ayant 3 à 5 ans d’existence sont les plus touchées avec 1 572 procédures ouvertes, dont 1 217 liquidations judiciaires.
Répercussions sur l’emploi
Les procédures ouvertes au cours du deuxième trimestre 2020 concernent toujours massivement (92 %) les entreprises de moins de 10 salariés (5 282 entreprises se répartissant ainsi : 340 pour les 6 à 9 salariés, 682 pour les 3 à 5 salariés et 4 260 pour les moins de 3 salariés), leur nombre étant en baisse de 55 % par rapport à la même période de 2019.
Avec 388 procédures ouvertes, les entreprises comptant 10 à 49 salariés représentent 6,7 % des défaillances, lesquelles sont en recul de 39 %. À l’inverse, le niveau de défaillance des entreprises de plus de 50 salariés est en hausse de 15,7 % (notamment, l’augmentation est de 33,3 % pour les structures d’au moins 100 salariés).
Selon les données Altares, le nombre total d’emplois menacés du fait de ces défaillances s’élève à 43 400 – visant en priorité les entreprises de taille intermédiaire – qui se répartissent ainsi par type de procédure :
— sauvegarde : 5 900 (2 600 en 2019)
— redressement judiciaire : 27 100 (20 900 en 2019)
— liquidation judiciaire : 10 400 (17 500 en 2019)
soit 2 400 de plus qu’au deuxième trimestre 2019.
En moyenne, ce sont 7,5 emplois qui sont menacés par entreprise.
Répartition par région et par secteur d’activité
Le nombre des défaillances d’entreprises est en net recul dans l’ensemble des régions. Restent les plus touchées :
— la région Île-de-France : 1 245, soit – 58,7 % (dont 22 procédures de sauvegarde) ;
— la région Auvergne-Rhône-Alpes : 619, soit – 56,8 % (dont 20 procédures de sauvegarde) ;
— la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : 558, soit – 53,6 % (dont 16 procédures de sauvegarde) ;
— la région Nouvelle Aquitaine : 524, soit – 48,4 % (dont 23 procédures de sauvegarde).
En revanche, la baisse est particulièrement marquée pour la Corse (35, soit – 68,8 %).
Les défaillances d’entreprises sont de même en recul pour l’ensemble des secteurs d’activité. Se trouvent en tête des secteurs ayant le mieux résisté à la situation de crise celui de la construction, avec une baisse de la sinistralité de 60,4 % (1 275 jugements d’ouverture) et celui du transport/logistique, avec une baisse de 62,4 % (194 jugements).
Le nombre des procédures est en diminution de 51,8 % dans le secteur du commerce (1 289 jugements d’ouverture) contre – 49,6 % dans le secteur de l’industrie (389 jugements).
En ce qui concerne les services aux entreprises, le secteur marque une baisse de 51 % (787 jugements d’ouverture).
Perspectives pour le second semestre ?
Les lendemains sont encore remplis d’incertitudes, tant au niveau sanitaire qu’au niveau économique. On peut espérer une reprise progressive, mais il ne faut pas perdre de vue que la réserve en trésorerie de nombre d’entreprises est faible (commerce, hôtellerie-restauration ou services à la personne, par exemple). Concluons toutefois sur une note positive en faisant prévaloir, selon les propos de Thierry Millon, un « optimisme lucide » : « Cependant, nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister. Ne sous-estimons pas leur capacité à passer le cap et déjouer les pronostics de fin du monde à la faveur d’une reprise plus dynamique qu’attendue, déjà perçue dans certains secteurs ».
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